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Le blog de Hervé Poly

Hommage à Rino Della Negra et aux autres fusillés du groupe Manouchian

22 Février 2013, 17:48pm

Publié par hervepolypcf62.over-blog.com

Lu sur le Blog de David Noël PCF Hénin-Beaumont

Photo-hommage-Manouchian-Vimy-21-02-13--10-.JPGJeudi soir, je me suis rendu près du monument aux morts de Vimy pour rendre hommage à Rino Della Negra. La cérémonie était organisée par la section PCF d'Arras, conduite par René Chevalier qui a déposé une gerbe de fleurs et prononcé quelques mots d'hommage.

Membre du groupe Manouchian, Rino Della Negra est né à Vimy en 1923 de parents italiens. Ses parents ont ensuite déménagé en 1926 à Argenteuil en région parisienne où Rino Della Negra a travaillé en usine. Passionné de football, Rino Della Negra jouait au Red Star Olympique.

Réquisitionné pour le STO en 1942, il s'est engagé dans la clandestinité au sein du groupe FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian et a participé à de nombreuses attaques contre l'occupant allemand avant d'être arrêté et fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 avec ses compagnons de la célèbre "Affiche rouge". Conçue pour convaincre l'opinion publique que les résistants étaient de dangereux terroristes étrangers, l'affiche rouge a complètement manqué son but : en ce début de 1944, alors que le sort de la guerre tournait partout en faveur des Alliés, l'Affiche rouge était la preuve que des jeunes, des ouvriers, des étrangers étaient prêts à sacrifier leur vie pour délivrer la patrie de la tyrannie nazie. La nuit, comme l'écrit Aragon dans son poème mis en musique par Léo Ferré, à côté de l'Affiche rouge, fleurissaient des inscriptions "Mort pour la France". Dans le Pas-de-Calais, on s'en souvient ! 

 


Pour Rappel

 

Article Paru en 2012 dans Liberté 62

 

A l’initiative des sections du PCF d’Arras et d’Izel-lès-Equerchin,  un émouvant hommage a été rendu à Rino Della Negra à Vimy où ce résistant communiste vit le jour en 1923.

Par Jacques Kmieciak

Chassés d’Italie par la misère, les parents de Rino Della Negra avaient trouvé refuge en Artois. C’est à Vimy au hasard du chantier du père que Rino voit le jour en 1923. Trois ans plus tard, la famille gagne la banlieue parisienne et Argenteuil. Elle habite « un quartier marqué par une très forte présence italienne. L’arrivée de Benito Mussolini au pouvoir et la répression contre tous ceux qui refusent le fascisme conduit des milliers de Napolitains, de Vénitiens ou de Siciliens vers l’exil », rappelle, ému, René Chevalier au nom de la section d’Arras du PCF.

Du STO à la clandestinité

Employé aux usines Chausson à Asnières, Rino est soumis à l’obligation du Service du Travail obligatoire (STO) en Allemagne, dès 1943. Perspective qu’il refuse alors et précipite son engagement dans la résistance communiste. « Il s’enfuit et passe dans la clandestinité. Il rejoint un groupe italien commandé par Marino Maretti, des Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), une des organisations de lutte armée du Parti communiste », poursuit René Chevalier.

Fusillé au Mont-Valérien !

Rino Della Negra est arrêté le 12 novembre 1943, puis fusillé au Mont-Valérien, le 21 février 1944, à l’âge de 21 ans, « comme les autres membres du groupe Manouchian » ; seule la Roumaine Olga Bancic sera décapitée quelques mois plus tard en Allemagne. Les visages de neuf d’entre eux illustreront la fameuse Affiche rouge chantée par Léo Ferré. Des terroristes ? Non. Des résistants antifascistes et anticapitalistes épris de liberté !

CIMG2467.JPG


Ils étaient Français, Italiens, Espagnols…

Ce vendredi 24 février 2012, une gerbe a été déposée au pied de la plaque qui rappelle le sacrifice de Rino. Trois jours plus tôt, en présence d’Hervé Poly, 1er secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais du PCF et de Jean-Michel Humez du PCF de Lens, une cérémonie similaire s’était déroulée à Pont-à-Vendin en hommage à Césare Luccarini. Celui-ci appartenait également au groupe Manouchian. Ils étaient communistes, jeunes pour la plupart.Ils étaient Français, Italiens, Espagnols, Polonais, Hongrois,Roumains, Arméniens. Ils sont morts pour la France… à l’heure où tant de Français dit « de souche » sombraient dans la collaboration. A méditer à l’heure où la Bête immonde prétend renaître de ses cendres…

 


Dernière Lettre de Missak Manouchian Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée, Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari. Manouchian Michel. P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.
Dernière Lettre de Missak Manouchian 


Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel.

P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.
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