Hommage à Rino Della Negra et aux autres fusillés du groupe Manouchian
Jeudi soir, je me suis rendu près du monument aux morts de Vimy pour rendre hommage
à Rino Della Negra. La cérémonie était organisée par la section PCF d'Arras, conduite par René Chevalier qui a déposé une gerbe
de fleurs et prononcé quelques mots d'hommage.
Membre du groupe Manouchian, Rino Della Negra est né à Vimy en 1923 de parents italiens. Ses parents ont ensuite déménagé en 1926 à Argenteuil en région parisienne où Rino Della Negra a
travaillé en usine. Passionné de football, Rino Della Negra jouait au Red Star Olympique.
Réquisitionné pour le STO en 1942, il s'est engagé dans la clandestinité au sein du groupe FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian et a participé à de nombreuses attaques contre l'occupant
allemand avant d'être arrêté et fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 avec ses compagnons de la célèbre "Affiche rouge". Conçue pour convaincre l'opinion publique que les résistants
étaient de dangereux terroristes étrangers, l'affiche rouge a complètement manqué son but : en ce début de 1944, alors que le sort de la guerre tournait partout en faveur des Alliés, l'Affiche
rouge était la preuve que des jeunes, des ouvriers, des étrangers étaient prêts à sacrifier leur vie pour délivrer la patrie de la tyrannie nazie. La nuit, comme l'écrit Aragon dans son poème
mis en musique par Léo Ferré, à côté de l'Affiche rouge, fleurissaient des inscriptions "Mort pour la France". Dans le Pas-de-Calais, on s'en souvient !
Pour Rappel
Article Paru en 2012 dans Liberté 62
A l’initiative des sections du PCF d’Arras et d’Izel-lès-Equerchin, un émouvant hommage a été rendu à Rino Della Negra à Vimy où ce résistant communiste vit le jour en 1923.
Par Jacques Kmieciak
Chassés d’Italie par la misère, les parents de Rino Della Negra avaient trouvé refuge en Artois. C’est à Vimy au hasard du chantier du père que Rino voit le jour en 1923. Trois ans plus tard, la famille gagne la banlieue parisienne et Argenteuil. Elle habite « un quartier marqué par une très forte présence italienne. L’arrivée de Benito Mussolini au pouvoir et la répression contre tous ceux qui refusent le fascisme conduit des milliers de Napolitains, de Vénitiens ou de Siciliens vers l’exil », rappelle, ému, René Chevalier au nom de la section d’Arras du PCF.
Du STO à la clandestinité
Employé aux usines Chausson à Asnières, Rino est soumis à l’obligation du Service du Travail obligatoire (STO) en Allemagne, dès 1943. Perspective qu’il refuse alors et précipite son engagement dans la résistance communiste. « Il s’enfuit et passe dans la clandestinité. Il rejoint un groupe italien commandé par Marino Maretti, des Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), une des organisations de lutte armée du Parti communiste », poursuit René Chevalier.
Fusillé au Mont-Valérien !
Rino Della Negra est arrêté le 12 novembre 1943, puis fusillé au Mont-Valérien, le 21 février 1944, à l’âge de 21 ans, « comme les autres membres du groupe Manouchian » ; seule la Roumaine Olga Bancic sera décapitée quelques mois plus tard en Allemagne. Les visages de neuf d’entre eux illustreront la fameuse Affiche rouge chantée par Léo Ferré. Des terroristes ? Non. Des résistants antifascistes et anticapitalistes épris de liberté !
Ils étaient Français, Italiens, Espagnols…
Ce vendredi 24 février 2012, une gerbe a été déposée au pied de la plaque qui rappelle le sacrifice de Rino. Trois jours plus tôt, en présence d’Hervé Poly, 1er secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais du PCF et de Jean-Michel Humez du PCF de Lens, une cérémonie similaire s’était déroulée à Pont-à-Vendin en hommage à Césare Luccarini. Celui-ci appartenait également au groupe Manouchian. Ils étaient communistes, jeunes pour la plupart.Ils étaient Français, Italiens, Espagnols, Polonais, Hongrois,Roumains, Arméniens. Ils sont morts pour la France… à l’heure où tant de Français dit « de souche » sombraient dans la collaboration. A méditer à l’heure où la Bête immonde prétend renaître de ses cendres…