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Le blog de Hervé Poly

Marx et le critique du Programme de Gotha, d'une actualité brulante ?

9 Novembre 2010, 10:59am

Publié par hervepolypcf62.over-blog.com

 

 

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La critique du Programme de Gotha est écrit après les événements historiques majeurs : l'unification de l'Allemagne et la Commune de Paris en 1871; l'éclatement de la première tentative d'organisation politique internationale d'un mouvement ouvrier avec la fin de l'association internationale des travailleurs, en 1872.

Les enjeux que la critique soulève sont de première importance pour saisir la pratique politique de Marx et la manière dont il réagi à l'unification des deux composantes du mouvement ouvrier allemand en 1875.

 

Le congrès de Gotha : petit rappel historique

 

Le congrès de Gotha s'ouvre le 22 mai. Le choix de la ville ne doit rien au hasard; ville de Saxe, elle est déjà un bastion ouvrier et deviendra un haut lieu de commémorations social-démocrates.

 

Au congrès de 1875 sont rassemblés 9121 membre du SDAP (56 délégués) 15322 de l'ADAV (73 délégués). Il s'achève le 27 mai avec la création du SAPD, encourageant par la même occasion la réalisation de l'unité syndicale.

 

Les questions qui seront tranchées concernent plus l'organisation que les grandes orientations idéologiques, ce qui provoquera l'irritation de Marx. La question du programme semble en effet avoir été secondaire par rapport à la volonté unitaire.

 

Dans une lettre à Wilheme Bracke (membre de l'ADAV qui s'en éloigne au congrès d'Eisenach) Marx écrit :

 

(…)  «  A part cela, il est de mon devoir de ne pas reconnaître, même par un silence diplomatique, ce programme...

 

Tout pas accompli, tout mouvement réel, est plus important qu'une douzaine de programme. Donc si l'on ne pouvait pas aller au-delà du programme d'Eisenach -et les circonstances ne le permettaient pas-, il fallait simplement se borner à conclure un accord pour l'action contre l'ennemi commun.

 

Mais si l'on fabrique des programmes de principes (au lieu de remettre cela à une autre époque où pareils programme auraient été préparés par une longue action commune) on pose aux yeux du monde entier, des jalons qui lui permettent de mesurer le niveau du mouvement du parti.

 

Les chefs des lassaliens venaient vers nous parce que les conditions les y contraignaient. Si d'emblée on leur avait déclaré qu'on ne s'engagerait dans aucune discussion sur les principes, alors ils auraient été obligés de se contenter d'un programme d'action ou bien d'un plan d'organisation en vue de l'action commune.

 

Au lieu de cela, on leur permet de se présenter armés de mandats, et on se reconnaît soi-même être lié par ces mandats. On se rend ainsi dépendant du bon vouloir et de la mauvaise humeur de ceux qui avaient besoin d'aide. Pour couronner le tout, ils tiennent à nouveaucongrès, avant le congrès du compromis, tandis que notre parti tient son congrès post festum.

 

On voulait manifestement escamoter toute critique et bannir toute réflexion de notre parti. On sait à quel point les ouvriers se réjouissent du simple fait de l'unification, mais on se trompe si l'on pense que ce résultat immédiat n'est pas trop chèrement payé ».

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